mardi 5 juillet 2016

Quand la nuit devient jour - Sophie Jomain




4ème de couverture: On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.La dépression. Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois. Le 6 avril 2016. Par euthanasie volontaire assistée.




Mon avis : Le thème abordé dans ce roman n'a rien de simple, puisqu'il s'agit de l'euthanasie. Ici, on retrouve Camille âgée de 29 ans qui a décidé de son plein grès de se faire euthanasier parce qu'elle ne supporte plus sa vie, sa douleur qui la suit depuis des années.

Je suis rapidement entrée dans l'histoire mais mon ressenti a changé au fil des pages. Au début, je ne comprenais pas le choix de ce personnage, après tout elle n'est pas un légume, elle peut vivre normalement et pourtant elle décide de mourir alors que tant d'autres aimeraient être à sa place. Je ne comprenais pas comment elle avait pu en arriver à ce choix à cause d'une dépression. Puisqu'au départ elle n'en dit pas plus.
Et puis au fil de l'histoire j'ai fini par comprendre son choix, qui n'a pas été des plus simples pour elle. Parce que ce mal-être est en elle depuis des années, qu'il se manifeste à n'importe quel moment et qu'elle n'arrive tout simplement plus à le supporter. La dépression a fini par l'emmener dans un cercle vicieux au point qu'elle est dégoûtée de tout y compris d'elle même. Alors certes sa décision est radicale mais finalement compréhensive.

On comprend aussi ses parents, et principalement sa mère, qui n'accepte pas son choix. Parce que c'est sa seule fille et qu'elle aimerait qu'elle se batte encore pour vivre. On comprend son avis, parce que ce n'est pas simple quand on est parent d'accepter de laisser partir son enfant, mais surtout d'accepter qu'elle souffre sans que l'on puisse rien faire.

Bien sûr, par cette histoire, Sophie Jomain aborde un thème à la fois d'actualité mais aussi tabou en France. L'euthanasie n'a rien d'une décision que l'on prend à la légère et certaines personnes ne sont pas en mesure d'accepter que l'on décide de vivre ou de mourir. L'auteur ici l'aborde d'une façon particulière puisqu'ici c'est du point de vue de Camille, et donc de la personne qui veut se faire euthanasiée et non pas d'un proche de Camille qui se bat pour son droit (point de vue qu'on retrouve dans certains roman sur ce thème, c'est souvent un proche d'une personne voulant se faire euthanasiée qui parle) mais aussi parce qu'elle fait ce choix par elle-même, seule, sans se soucier de l'avis de ses proches et surtout contrairement à beaucoup de personnes voulant se faire euthanasiée, ce n'est pas parce qu'elle a eu par exemple un accident qui l'a fait devenir un légume, ou une maladie grave incurable. Non là, on parle d'un mal être qui ne se voit pas, d'une dépression, une dépression tellement immense qu'elle détruit sa personne jour après jour au point de ne plus vouloir vivre.

Ce roman est à la fois touchant, éprouvant, mais aussi et surtout magnifique. J'ai refermé ce livre avec une petite larme au coin de l'oeil. A mon sens, ce livre ne peut laisser personne indifférent.

Quelques extraits : 


"Chaque personne devrait avoir le droit de mourir dignement. Quel que soit le mal dont elle souffre, invisible ou pas."

"Être libre de mourir comme on le souhaite, c’est aussi être libre de vivre comme on l’entend."



1 commentaire:

  1. Il est dans ma PAL, ton article me donne vraiment envie de le lire!

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